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SPRITZ

SPRITZ est un collectif qui a pour ambition d’allier la sobriété et l’élégance. Rompu aux exigences de l’espace public depuis de nombreuses années, ils pensent à l’usage dans leurs créations et dans la réinterprétation de classiques du mobilier urbain. Par ce jeu de détournement, SPRITZ cherche à épurer les lignes, simplifier le mobilier et lui redonner une identité forte. Leurs créations trouveront leur place dans les espaces publics du plus urbain au plus champêtre.

Quelques mots sur votre collaboration SPRITZ /MOBILUM ?
Il s’agit avant tout d’une rencontre. SPRITZ, c’est la branche design de notre agence MAGNUM architectes et urbanistes et nous avons déjà travaillé sur des projets avec les fondateurs de MOBILUM. Depuis le début de la collaboration, ce qui nous intéresse c’est l’aventure industrielle, l’attachement à la création de cette marque qu’on suit depuis ses débuts. On a dessiné pour MOBILUM parce que c’est MOBILUM, on n’aurait pas cherché à dessiner pour quelqu’un d’autre. Pour nous c’est une opportunité parce que c’est une rencontre, ça n’est pas de l’opportunisme. L’intérêt d’un projet n’est pas qu’une question d’échelle. De plus, on a assez peu les moyens de dessiner du mobilier urbain sur mesure. En dessinant du mobilier urbain, on a cherché des objets qu’on ne trouve pas dans les catalogues. Au-delà du design, ce qui nous anime ça n’est pas uniquement l’objet pour ce qu’il est, mais la réflexion sur les usages.

Des dessins aux produits finis, vos impressions lorsque vous les avez vus à l’usine ?

Les produits sont plus jolis que les dessins, le savoir-faire transcende tout. Lorsqu’on les voit, on a envie de les toucher, on est impressionné. S’immerger dans le savoir-faire industriel et technique, ça nous oblige à nous repositionner sur la conception. On est séduit par l’exigence de MOBILUM, ils auraient pu s’arrêter à la moitié pour sortir le produit plus vite pour des raisons économiques, mais ça n’est pas un choix qu’ils ont fait parce qu’il y a un respect du travail du designer, une vraie vision de qualité. Ce niveau d’exigence nous va bien, car il est partagé. On est en accord en terme de philosophie. MOBILUM n’est pas arrivé avec un cahier des charges imposé, on est dans un processus itératif qui nous amène à nous faire progresser mutuellement.

Pouvez-vous revenir sur l’idée de ce banc STOOP ? Le point de départ de ce travail pour l’espace public ?

L’idée de départ c’est le détournement. On ne croit pas aux objets qui sont destinés à être figés, ou qui nécessitent une explication. On se représente l’espace public comme un support. Les enfants, les ados, ceux qui amènent la vie dans l’espace public, détournent souvent les objets. Ça pousse la réflexion à la polyvalence des objets. C’est l’idée du STOOP. On est parti d’une question assez simple : « où se mettent les gens ? », puis on est parti du perron qu’on trouve en pied d’immeuble, un lieu un peu catalyseur, un espace à la fois en marge des flux publics mais sur les parcours du voisinage. On l’a isolé, réduit pour en faire quelque chose qui puisse s’assembler comme un élément de base. L’idée c’est de donner la possibilité aux concepteurs d’utiliser notre mobilier comme matière première qu’ils puissent se l’approprier pour composer, construire autre chose. Dos à dos, en enfilade… les possibilités sont multiples mais on n’a pas besoin de leurs expliquer l’usage, cela doit rester intuitif.

Pourquoi avoir choisi de travailler le béton fibré ultra hautes performances? Réflexion autour de la couleur ? forme ? matière ?

 Le BFUP ça permet la légèreté, la finesse. On part d’un matériau et on en fait un dessin, on s’adapte à ses particularités. On ne dessinerait pas la même chose si c’était du bois ou autre. Ce qui nous intéresse c’est la dualité finesse/robustesse, la résistance et la pérennité du BFUP. Nous croyons en la pérennité des objets sur l’espace public, qui est un lieu vivant, un lieu d’expression dans toutes ses formes, où le mobilier peut être mené à rude épreuve. Concernant la réflexion sur la couleur, ça n’est pas une priorité, c’est un plus. Ce n’est pas ce que nous avons recherché, pour nous c’est accessoire, ça relève de l’ordre de la déco. L’identité du mobilier ça n’est pas sa couleur. Pour nous, c’est la matière qui doit donner la couleur.

Le point commun de toutes vos créations ?

La simplicité, la pérennité, l’élégance et la polyvalence des usages.

Le banc perron STOOP va bientôt être exposé à la Biennale de SAINT-ETIENNE dans la cadre de l’appel à projets BANC D’ESSAI 2017, excités par l’expérience de test grandeur nature ?

Ce qui nous intéresse dans cette expérience c’est de voir comment ce que nous avons déjà détourné va être encore détourné. On est intéressé de savoir comment ils vont être positionnés dans l’espace, comment ils vont être investis par les usagers, comment ils vont vieillir. On reconnait l’originalité du concept, du test à ciel ouvert. Le mobilier urbain et la question des usages est un vrai sujet et BANC D’ESSAI illustre la prise en compte de ce véritable enjeu et la prise de conscience que le mobilier ça ne sert pas qu’à décorer.

En quoi le banc STOOP rentre dans la thématique de la Biennale 2017 « Les mutations du travail » ?

STOOP illustre une nouvelle manière de travailler. On peut travailler n’importe où aujourd’hui, dans la rue. On a juste besoin d’un endroit pour se poser, poser un sandwich ou son téléphone, échanger.