Retour à la liste des designers

Sovann KIM

Le designer Sovann KIM collabore avec nous depuis 2014 en tant que directeur artistique de notre première collection. Nous souhaitions revenir sur cette expérience avec lui.

Sovann Kim a été responsable de projet à l’agence Wilmotte pendant plusieurs années avant de fonder son propre atelier de design en 1999. Son expérience en projet urbain et en transport public lui assure une maîtrise des contraintes et enjeux à l’échelle de la ville, de l’usager et du détail. Il collabore régulièrement avec des agences d’architecture et d’urbanisme. Parmi ses réalisations : le design des entrées de métro pour l’extension de la ligne 11 à Paris – ou encore les mobiliers de stations et des mâts support des lignes aériennes de contact pour la ligne B du tramway d’Orléans. Sovann Kim dessine également des lignes de mobilier urbain et de luminaires pour des industriels reconnus. Il a reçu les prix de l’Etoile et le Label de l’Observeur du design 2012 et 2016, notamment pour le design des stations pour le tramway de Reims.

Sovann, comment avez-vous réagi lorsque les fondateurs de MOBILUM vous ont contacté pour dessiner du mobilier pour leur première collection ? et qui plus est vous ont désigné en tant que directeur artistique ?

C’est l’occasion de revenir à un bref historique de notre rencontre, et pour moi de dire également un mot sur la ténacité de Michaël et Christophe, les fondateurs.

Dès notre premier rendez-vous, on pouvait sentir chez eux une telle énergie et résolution à créer une « maison d’édition » de mobilier urbain qu’il aurait été difficile de ne pas participer à l’aventure, tout cela accentué par leurs convictions et envies de qualité, technicité, sobriété, intemporalité, etc… qui étaient déjà proches de ce à quoi j’aspire dans mon travail. Bref on parlait la même langue.

Mais à ce moment-là, en 2014, on partait de zéro : double-page blanche.

Ainsi, on s’est interrogé : qu’est-ce qu’un catalogue de mobilier urbain pour les usagers d’aujourd’hui et de demain? De quoi a-t-on besoin et envie dans les espaces urbains et péri-urbains? On évolue comment aujourd’hui dans l’espace public?…

Je me rappelle d’avoir insisté auprès d’eux en affirmant que le matériau n’est pas la finalité en soi, mais bien la compréhension de l’espace public. Nous avons donc dressé une liste de mobiliers indispensables à un catalogue qui soit à la hauteur de nos exigences, mais aussi à notre ressenti commun sur les usages et service.

J’ai commencé à remplir des carnets de croquis sans aucun frein ni préjugé, il fallait du temps pour explorer des pistes… ces nombreux dessins ont ensuite donné vie à ce catalogue que l’on connait aujourd’hui, enrichi par d’autres créations d’architectes/designers comme le collectif « Spritz » dont les propositions me surprennent à chaque fois par leur coté « punchline ».

Aviez-vous  déjà eu un contact préliminaire avec le béton fibré ultra hautes performances avant de concevoir des modèles pour nous ?

Non. Je connaissais seulement le potentiel du BFUHP à travers les créations des autres architectes et designers.

Chaque matériau a sa spécificité et ses caprices. Là encore on a travaillé avec Michaël et Christophe et aussi avec Thierry PIERRE, le directeur technique, pour atteindre la meilleure justesse entre la technique et le contenu de chaque dessin.

Par ailleurs, je ne souhaitais pas qu’on affiche systématiquement cette tentation de prouesse technique, épaisseur ultra-fine, grande portée à n’en plus finir, etc… car au final tout le monde s’en fout, d’autant plus que l’urbain a ses propres règles en terme de proportions. Même si ça tient, le mobilier avec une épaisseur ultra-fine peut être perçu comme une fragilité, et pour ma part, pas à l’échelle urbaine.

On a ainsi souvent échangé avec Michaël et Christophe sur le danger de ne pas se faire absorber par la grande qualité de ce matériau et d’oublier l’essentiel. Ce qui explique par exemple que la gamme « STAMP » a été dessinée avec une grande épaisseur parce que ce que cette gamme raconte n’est pas de la technique.

Qu’est-ce qui vous préoccupe le plus lors de la conception du mobilier ?

Rendre service aux usagers en proposant des mobiliers discrets que j’espère le plus élégant possible sans ostentation, et durable dans le temps aussi bien dans son dessin que la qualité de son usage.

Y a-t-il parmi toutes vos créations en mobilier urbain, une dont vous êtes particulièrement fier ? 

Fier, ce n’est pas le sujet.

Mais je pense à l’abri « Moleskin » dessiné pour la société Védiaud qui exprime pour ma part une bonne justesse entre les besoins actuels dans le transport public et ma proposition et réponse.

Quelle réalisation mettant en scène vos modèles dessinés pour MOBILUM vous a le plus marqué ou séduit?

Cette photo. On ne sait plus où on se trouve…le mobilier CAMAH devient totalement insolite. Ça me rappelle presque le paysage des premiers films de Wenders.

transats en béton fibré ultra hautes performances installés dans un parc